Origines et principes de l’Ayurveda

Origines de l’Ayurveda

L’Ayurveda puise ses origines dans l’un des 4 Vedas, Atharvaveda. Ouvrages de référence de l’hindouisme et héritage culturel de l’Inde ancienne (environ 2000 ans avant JC), ces 4 Vedas (Rigveda, Yajurveda, Samaveda et Atharvaveda) seraient issus des 4 bouches de Brahma, considéré comme le créateur de l’univers et assimilé à la conscience universelle. L’Atharvaveda est ainsi un des plus anciens textes relatant de la santé et de la médecine.

Le mot Ayurveda, composé des mots Ayur = la longévité et Veda = le savoir, n’apparait pas dans ces textes anciens mais apparait bien plus tard en même temps que la transmission écrite. L’Ayurveda est ainsi désignée comme la science de la longévité.

Deux lignées sont identifiées dans la transmission de ces connaissances :

Extrait du Charaka Samhita

Selon Charaka (environ 2ième siècle avant JC), les connaissances ont été transmises oralement de Brahma jusqu’à Indra, qui a lui-même transmis au Sage Atreya. Le Sage Atreya a alors initié la transmission écrite et structurée à 6 étudiants, dont Agnivesa, qui lui-même enseigna à Charaka. Charaka, décrit comme un médecin généraliste itinérant, écrit alors un des traités les plus connus de l’Ayurveda : le Charaka Samhita, organisée en 8 sections dans lesquelles on retrouve, entre autres, l’anatomie et la physiologie, les pathologies et diagnostiques mais aussi les panchakarma (les 5 actions de purification et de régénération/rajeunissement).

Scène de traitement chirurgical par Sushruta

Selon Sushruta, la connaissance de Brahma a été transmise successivement jusqu’à Indra (dieu des éléments) puis de ce dernier à Dhanvanthari, physicien des dieux, roi de Bénarès. Il aurait libéré les autres dieux de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Il a enseigné la médecine et en particulier la chirurgie à un groupe de 13 disciples parmi lesquels Sushruta. Ce dernier a alors rédigé, à peu près à la même époque que Charaka, le Sushruta Samhita, traité plus spécifiquement orienté sur les traitements chirurgicaux.

Quelques siècles plus tard (environ 500 ans après JC), Vagbhata a rédigé deux traités, Ashtanga Hridaya et Ashtanga Samgraha, compilations des Charaka et Sushruta Samhita. Vagbhata a par ailleurs structuré l’Ayurveda selon les 8 branches qu’on connait aujourd’hui, dans l’Ashtanga Samgraha :

  1. Kaya Chikitsa (médecine interne),
  2. Bala Chikitsa (pédiatrie),
  3. Graha Chikitsa (psychiatrie et traitement des désordres psychosomatiques),
  4. Urdhvanga Chikitsa (équivalent à l’ORL et neurologie),
  5. Shalya Chikitsa (chirurgie générale),
  6. Visha Chikitsa (équivalent au traitement toxicologique),
  7. Jara Chikitsa (traitements de régénération) et
  8. Vrisha Chikitsa (fertilité, procréation…).

Ces trois auteurs sont appelés Brihatrayi, les Trois Grands.

On distingue également trois auteurs moins connus, Laghutrayi (les Trois Petits), qui ont rédigé, autour du 14-15ième siècle après JC, des versions simplifiées des trois grands traités, plus faciles à lire, comprendre et mettre en pratique. Ils sont plus particulièrement relatifs à la pathologie/compréhension du processus de la maladie avec une classification des maladies et de leurs symptômes, aux traitements (dont Panchakarma), à la formulation de remèdes et aux techniques de diagnostic (prise de pouls en particulier).

Dhanvantari, considéré comme le père de l’Ayurveda

Buts et principes de l’Ayurveda

Le Sloka (verset) du Charaka Samhita [ch.su-30.26] stipule que l’Ayurveda a pour but de :

  1. SWASTHASYA SWASTHYA RAKSHANAM : maintenir en bonne santé une personne en bonne santé le plus longtemps possible, protéger la santé des personnes en bonne santé
  2. ATHURASYA VIKARA PRASHAMANAM : ramener une personne malade à la santé

De plus l’Ayurveda définit l’être vivant par la combinaison de : Sharira (le corps physique), Indriya (les organes des sens), Manas ou Sattva (ou Satwa, le mental) et Atma (l’âme). Lorsque ces 4 composants sont présents, unis et alliés, la vie est présente et maintenue :

SHARIRENDRIYA SATWATMA SAMYOGE DHARI JEEVITHAM,

NITHYAGASCHA ANUBANDHASCHA PARYAYAI: AYURUCHYATHE

[ch.su-1.42]

Autrement dit, dès que cette union est perdue, la vie cesse d’exister.

Selon l’Ayurveda, une bonne santé est nécessaire pour permettre à tout individu d’accomplir les 4 objectifs de la vie :

  • Dharma (ce pour quoi on est destiné, vivre en conformité avec le but de la vie, autrement dit réalisation personnelle),
  • Artha (réalisation sur le plan matériel),
  • Kama (désir, plaisir, de la vie, de se réaliser)
  • Moksha (libération, détachement).

DHARMAARTHAKAMA MOKSHANAM

AROGYAM MOOLAMUTTAMAM

[ch.su-1]

L’Ayurveda considère donc l’être vivant dans son ensemble : le corps physique et son fonctionnement, l’état d’esprit ou le mental et ses capacités de perception, et l’âme. Et que la maladie peut se développer autant dans le corps que dans le mental : ce qui affecte le psychisme peut affecter le corps et réciproquement. Il est donc tout aussi important de prendre soin du mental que du corps, de même qu’il est important de prendre en considération l’environnement extérieur.

L’Ayurveda est ainsi la science qui désigne les conditions de vie appropriées (Hita), non appropriées (Ahita), joyeuses (Sukha) ou tristes (Dukha), ce qui est propice ou défavorable (Hita ou Ahita) à la longévité, ainsi que les critères de la vie elle-même :

HITAHITAM SUKHAM DUKHAM-AYUSTASYA HITAHITAM

MANAM CHA TACHCHAYATROKTAM-AYURVEDAH SAUCHCHAYTE

[ch.su-1.41]

Voilà pourquoi l’Ayurveda est considérée comme une approche thérapeutique holistique !